Yan Ciret

Lors de cette résidence de neuf mois, initiée et soutenue par le Conseil régional d’Île-de-France, l’écrivain Yan Ciret, spécialiste des avant-gardes esthétiques travaillera avec Synesthésie pour créer un projet global mêlant édition web et papier, expositions et recherches historiques.

En effet, Aubervilliers a été l'une des capitales de l’art moderne puisque lieu fondateur de la dernière des grandes avant-gardes historiques. Sous le nom choisi par Guy Debord de « Conférence d’Aubervilliers », la naissance de l’Internationale Lettriste, future Internationale Situationniste, le 7 décembre 1952, a trouvé ses bases, avec ce manifeste réunissant quatre jeunes marginaux de génie, Serge Berna, Jean-Louis Brau, Guy-Ernest Debord, Gil Joseph Wolman. Depuis que le Ministère de la Culture a consacré l’œuvre de Guy Debord « trésor national » par un paradoxe de l’histoire, la ville d’Aubervilliers, elle-même en pleine mutation avec notamment le projet TV Cité, voit ressurgir une aventure stupéfiante, un pan méconnu de son rôle dans le XXe siècle. Yan Ciret reviendra sur cette histoire encore peu étudiée par les spécialistes des avant-gardes et que l’écrivain américain Greil Marcus appelle dans son célèbre ouvrage "Lipsticks Traces" : « la véritable histoire secrète du XXe siècle ».

Avec l’équipe de Synesthésie il travaillera sur l’idée de placer les théories situationnistes dans une nouvelle perspective critique par rapport à l’époque actuelle, une ère où le spectacle est devenu une des industries les plus lucratives de l’économie planétaire, et où le paysage urbain intègre des architectures innovantes et sensorielles qui auraient pu plaire aux psychogéographes. L’art est également un terrain de mutation, où des formes nouvelles, dématérialisées, participatives, désincarnées, engagent de nouveaux dialogues avec leurs usagers.

Nous tenterons de ne pas nous inscrire dans un héritage situationniste porté notamment par Jean Baudrillard, et sa critique radicale de l’univers de la communication, mais plutôt de tenter de percevoir comment on pourrait trouver de nouvelles perspectives et utopies dans les TIC notamment autour d’innovations telles que l’Open Source, le Web 2.0. et toutes les mutations sociales et artistiques que les TIC facilitent.
L’un des projets situationnistes était « de fournir à la société technicienne l’imagination de ce qu’on peut en faire. » Dans cette optique nous proposerons aussi de nous interroger sur ce que pourrait être une politique et une éthique de l’art. Nous nous demanderons comment on peut devenir le pilote de soi-même et participer à doter la civilisation qui se construit des nouveaux outils permettant d’aborder les modes symboliques.


Un site et le numéro 3 de la revue Théoriques sera consacré à cette thématique. Qui pourrait se continuer en 2011 par une exposition internationale.

Essayiste et critique, Yan Ciret collabore aux revues « art press », « Le Magazine Littéraire », « Mouvement », « Les Inrockuptibles », « L’Infini » et « nonfiction » ; producteur à France-Culture. Il est aussi commissaire d’exposition, il a participé à la Documenta X , Kassel, et a conçu la vaste rétrospective «l’Internationale Situationniste, Après la fin de l’art (1945-2003) » au Musée d’art moderne de Saint-Étienne, en 2004 dont il a coordonné le catalogue "Figures de la négation – avant-gardes du dépassement de l’art" en 2005. Il est l’auteur de plusieurs livres et essais dont "Chroniques de la scène-monde", éditions La Passe du Vent, en 2000 et dernièrement, avec Mirella Bandini, il publie "Le mythe situationniste de la ville", en 2008. Il travaille actuellement avec le Centre Georges Pompidou.